ФАНТАСТИКА

ДЕТЕКТИВЫ И БОЕВИКИ

ПРОЗА

ЛЮБОВНЫЕ РОМАНЫ

ПРИКЛЮЧЕНИЯ

ДЕТСКИЕ КНИГИ

ПОЭЗИЯ, ДРАМАТУРГИЯ

НАУКА, ОБРАЗОВАНИЕ

ДОКУМЕНТАЛЬНОЕ

СПРАВОЧНИКИ

ЮМОР

ДОМ, СЕМЬЯ

РЕЛИГИЯ

ДЕЛОВАЯ ЛИТЕРАТУРА

Последние отзывы

Жажда золота

Неплохое приключение, сами персонажи и тема. Кровожадность отрицательного героя была страшноватая. Не понравились... >>>>>

Женщина на заказ

Мрачноватая книга..наверное, из-за таких ужасных смертей и ужасных людишек. Сюжет, вроде, и приключенческий,... >>>>>

Жестокий и нежный

Конечно, из области фантастики такие знакомства. Герои неплохие, но невозможно упрямые. Хоть, и читается легко,... >>>>>

Обрученная во сне

очень нудно >>>>>

Королевство грез

Очень скучно >>>>>




  45  

Pendant qu’il buvait, elle cogitait tout haut :

— Pourquoi Bordeaux ?

— Je me suis posé la question et j’y vois deux explications. La première, c’est qu’ils emmènent tout ce fourniment dans le nouveau château de Mme Vauxbrun. La seconde, c’est qu’ils rejoignent un quai d’embarquement. C’est Bordeaux qui dessert l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale. Le malheur est que nous n’avons aucun moyen de vérifier quelle hypothèse est la bonne !

— Oh si ! On peut au moins vérifier la première. Je me demande si je ne vais pas essayer de convaincre notre marquise d’aller passer la fameuse semaine de Pâques à Biarritz ? En outre, elle a de la parentèle dans l’arrière-pays !

— Au  fond, ça nous avancera à quoi ? Ce n’est pas là, en tout cas, que je risque de retrouver mon éventail et sa boîte au trésor ! N’importe comment, je suis trop fatigué pour entamer une discussion. Bonsoir, Angelina ! Je vais dormir !

Restée seule, Plan-Crépin se versa ce qui restait de vin, s’assit devant la table, y planta ses coudes et, le bol tenu à deux mains, se plongea dans une méditation si intense que l’on pouvait craindre de voir son cerveau émettre des étincelles. Il était plus de cinq heures à la pendule comtoise qui réglait la marche de la maison. Le moment était venu pour elle de faire toilette afin de n’être pas en retard à la messe de six heures… Quand elle s’y rendit, une détermination farouche était peinte sur son visage.

7

LES SURPRISES D’UNE MAISON VIDE

Ainsi qu’ils l’avaient décidé, Aldo et Adalbert retournèrent rue de Lille dans la journée mais ils eurent beau sonner, sonner et encore sonner, il leur fut impossible de se faire ouvrir. Pensant que peut-être Maillard, le gardien, s’était absenté, ils patientèrent un long moment dans la voiture puis revinrent actionner la sonnette -l’homme pouvait être au fond du jardin la première fois ! – sans autre résultat. Jusqu’à ce qu’enfin le concierge d’en face traverse la rue et vienne les rejoindre :

— Ça fait un moment que je vous observe, Messieurs, et sans vouloir me mêler de ce qui ne me regarde pas, je veux vous dire que vous perdez votre temps. Y a plus personne dans la maison de ce pauvre M. Vauxbrun.

— On nous a dit que Maillard devrait être encore là ? fit Aldo.

— Lui ? Il est parti ce matin sur le coup de six heures avec ses valises et son serin. Un taxi est venu le chercher et ça s’est passé si vite que je n’ai pas pu lui dire adieu. Parce que, si vous voulez mon avis, il reviendra pas. Et ça c’est triste, vu que maintenant cette pauvre maison est vide… De toute façon depuis qu’ce pauvre M. Vauxbrun y était plus, c’était plus ça.

— Que voulez-vous dire ?

L’homme logea son balai sous son bras et entreprit de se rouler une cigarette. Ce que voyant, Aldo lui offrit une des siennes, craignant que le flot verbal ne soit interrompu trop longtemps.

— Ah, merci bien, Monsieur ! C’est pas tant qu’j’aime les tabacs étrangers mais ça va plus vite ! Où est-ce que j’en étais ?

— Vous disiez que c’était plus ça, le renseigna Adalbert. Vous trouviez les nouveaux habitants trop… exotiques ?

— Vous voulez dire la nouvelle Mme Vauxbrun et ses parents ? Y a trop rien à en dire. Les dames d’abord, j’les ai jamais vues. Le vieux monsieur avait l’air bien convenable. De temps en temps, il allait faire une promenade, toujours tout seul et, quand on se rencontrait, il disait bonjour bien poliment.

— Et le jeune ?

— Il était pas souvent là. Comme ça m’intriguait, j’ai un peu observé. Il rentrait tard et quelquefois avec des gens pas bien du tout. Un soir où je sortais les poubelles, il y en a deux qui se sont amusés à donner des coups de pied dedans et j’en ai eu pour un bout de temps à tout ramasser mais ça les faisait rire. Faut dire que c’étaient pas des Français.

— Des Mexicains sans doute ?

— J’crois pas ! Y ressemblaient plutôt aux gangsters qu’on voit au cinéma. Quand ils venaient, ça faisait la fête assez tard dans la nuit… mais j’dois reconnaître qu’au matin y avait plus la moindre trace, sauf dans les boîtes à ordures, les bouteilles vides…

Le concierge dûment récompensé de ses bons offices par un billet bleu, les deux hommes repartirent, aussi soucieux l’un que l’autre. Aldo rompit le silence le premier :

— Comment se fait-il que Romuald n’ait jamais fait mention des plaisirs nocturnes du jeune Miguel ? Selon lui, tout le monde devait être couché à dix heures…

— Il me semble que le personnel est logé dans un pavillon au fond du jardin…

— Et il n’a rien remarqué alors que, de l’autre côté de la rue, le concierge était au courant ?

— Tu as raison, c’est bizarre, et je me demande si ces fiestas ne coïncidaient pas avec les disparitions des tableaux ? Je vais en parler avec Théobald en rentrant mais revenons-en à la maison Vauxbrun. J’ai de plus en plus envie de la visiter sans témoins. On revient cette nuit ?

— J’allais te le proposer !

Quelques heures plus tard, le scénario se répétait avec quelques variantes. La nuit, en lune nouvelle, était plus avancée que la veille et sombre à souhait. En revanche, le réverbère, réparé sans doute, brillait de tous ses feux. En approchant de la petite porte avec son trousseau de clefs, Adalbert ne pouvait s’empêcher de jeter des coups d’œil inquiets de l’autre côté de la rue, priant pour que, derrière l’une des fenêtres sans lumière, le concierge ne soit pas aux aguets.

— Pourquoi veux-tu qu’il passe ses nuits à surveiller une maison où il sait parfaitement qu’il n’y a plus âme qui vive ?

— C’est que, justement, j’en suis moins sûr que vous deux…

Et Adalbert, appuyant délicatement sur le vantail, l’entrouvrit sans avoir approché le moindre passe-partout.

— Quelqu’un serait revenu ? chuchota Morosini.

— Comme ce n’est certainement pas le Saint-Esprit, il doit y avoir un… ou plusieurs visiteurs. Qu’est-ce qu’on fait ?

— Où est passé ton esprit d’aventure ? On y va ! décida Aldo en tirant de sa poche son revolver. Je veux en avoir le cœur net !

Franchie la porte, ils restèrent un moment immobiles dans l’ombre épaisse du mur qui rejoignait le portail et fermait la cour. Celle-ci était obscure mais, derrière les hautes fenêtres dont il semblait que personne n’eût songé à fermer les volets intérieurs, le pinceau lumineux d’une lampe de poche se déplaçait lentement :

— On dirait qu’il y a de la visite. Reste à savoir s’il est seul !

— Le meilleur moyen est d’aller voir…

L’un derrière l’autre, ils rasèrent les murs en se courbant au passage des fenêtres, montèrent les cinq marches du perron où ils se redressèrent. Le visiteur avait quitté le vestibule pour le salon donnant sur le jardin, le reflet de sa lampe découpant un rectangle plus clair. Ce qui permit de constater que des morceaux de papier et de paille, vestiges du déménagement, traînaient sur les dalles de marbre blanc à bouchons noirs. Quand, avec mille précautions, on arriva à l’entrée de la vaste pièce, on put constater – avec soulagement – que l’inconnu était seul. Occupé à balayer de sa lampe l’espace désolé d’un mur encore habillé de damas jaune clair mais dépouillé de ses tableaux, il semblait si occupé à pousser d’énormes soupirs qu’il ne prêtait aucune attention à ce qui se passait derrière lui.

  45