ФАНТАСТИКА

ДЕТЕКТИВЫ И БОЕВИКИ

ПРОЗА

ЛЮБОВНЫЕ РОМАНЫ

ПРИКЛЮЧЕНИЯ

ДЕТСКИЕ КНИГИ

ПОЭЗИЯ, ДРАМАТУРГИЯ

НАУКА, ОБРАЗОВАНИЕ

ДОКУМЕНТАЛЬНОЕ

СПРАВОЧНИКИ

ЮМОР

ДОМ, СЕМЬЯ

РЕЛИГИЯ

ДЕЛОВАЯ ЛИТЕРАТУРА

Последние отзывы

Жажда золота

Неплохое приключение, сами персонажи и тема. Кровожадность отрицательного героя была страшноватая. Не понравились... >>>>>

Женщина на заказ

Мрачноватая книга..наверное, из-за таких ужасных смертей и ужасных людишек. Сюжет, вроде, и приключенческий,... >>>>>

Жестокий и нежный

Конечно, из области фантастики такие знакомства. Герои неплохие, но невозможно упрямые. Хоть, и читается легко,... >>>>>

Обрученная во сне

очень нудно >>>>>

Королевство грез

Очень скучно >>>>>




  56  

— Que lui vouliez-vous ?

— Savoir s’il avait des nouvelles de New York.

— Pourquoi ? Il devrait en avoir ?

— Si vous ne le savez pas, ce n’est pas à moi de vous en parler. Cela dit, ajouta-t-il sans laisser le jeune policier placer une parole, je venais informer M. Langlois de mon départ pour Biarritz.

— Vous y restez longtemps ?

— Je n’en ai pas la moindre idée. Je vous salue, inspecteur !

Le feu arrière rouge du train venait juste de disparaître dans la brume du soir quand Alcide Truchon, de l’agence « L’œil écoute », se précipita au buffet de la gare d’Austerlitz, commanda un sandwich, un café et un numéro de téléphone qu’il attendit sagement en mangeant l’un et en buvant l’autre, qu’il fit suivre d’une seconde ration, accompagnée cette fois d’un verre de calvados. Au bout d’un moment, enfin, il eut la communication. Il entendit une voix d’homme légèrement enrouée :

— Alors, où en êtes-vous ?

— À la gare d’Austerlitz. Il vient de monter dans le sleeping pour Biarritz avec la vieille marquise et sa secrétaire. Je voudrais savoir si j’y vais aussi ?

— C’est peut-être un peu tard pour le demander, non ?

— Je m’en tiens à vos consignes… et le train suivant est à sept heures quinze. De plus vous m’avez dit…

— Je sais ce que je vous ai dit ! Inutile de vous déplacer. Rentrez chez vous et attendez des instructions en cas de besoin.

— Vous êtes satisfait ?

— Je ne suis pas mécontent.

Et sur cette litote on raccrocha. Alcide Truchon en fit autant avec un soupir de soulagement. Il avait beau aimer son métier et y être apprécié, il arrivait toujours une période où l’on éprouvait la nécessité de prendre du repos. Ce soir c’était le cas : ce diable d’homme l’avait mis sur les genoux… Il paya ses consommations et s’en alla chercher un taxi en anticipant le bain de pieds au sel de mer où il ne tarderait pas à tremper ses extrémités douloureuses…

En dépit de l’atmosphère pesante dans laquelle ils vivaient depuis le mariage, les trois voyageurs la sentirent s’alléger en arrivant à destination. Sous le beau soleil qui caressait les grandes vagues vertes de l’océan, c’était un bonheur de découvrir le foisonnement des genêts jaunes sur la lande que terminait l’entassement des rochers roses. La lumière, en ce matin de jeune printemps, avait quelque chose d’allègre, convenant parfaitement à la semaine de fête qui venait de s’ouvrir et au cours de laquelle la fine fleur d’une partie de l’Europe allait faire assaut d’élégance et de faste…

Il y avait à peine un siècle qu’un certain nombre d’aristocrates espagnols, empêchés de se rendre aux bains de San Sébastian par la révolte carliste qui allumait une ceinture de feu sur la côte basque espagnole, avaient passé la frontière pour venir s’installer dans ce qui n’était alors qu’un village de chasseurs de baleines implanté dans un paysage plein de charme. Parmi eux, il y avait Mme de Montijo, comtesse de Teba, et sa toute jeune fille Eugenia dont la beauté s’affirmait de jour en jour. Devenue plus tard impératrice des Français par son mariage avec Napoléon III, Eugénie ne devait pas oublier la plage de son adolescence et, l’année qui avait suivi son union, elle y revint en compagnie de son époux aussitôt séduit, qui ordonna sur-le-champ la construction d’un palais qui serait la Villa Eugénie. À partir du 26 juillet 1865, le couple impérial y séjourna chaque été avec une partie de sa Cour, celle qui composait le cercle d’amis. Ils devaient y donner des fêtes magnifiques, notamment en l’honneur des princes espagnols, et la ville se développa autour de ce séduisant pôle d’attraction.

Après la chute de l’empire et surtout la disparition de son fils, l’impératrice vendit la villa à une banque qui en fit un hôtel. D’autres ensuite avaient été construits sur le site, amenant des têtes couronnées, tels l’inévitable reine Victoria, son fils Édouard VII qui aimait trop la France pour ne pas y venir souvent, l’impératrice errante, Élisabeth d’Autriche, le roi des Belges Léopold II puis plus tard le roi Gustave V de Suède, avec ses longues jambes et ses raquettes de tennis, enfin les souverains espagnols, Alphonse XIII et la reine Victoria-Ena. Sans compter les riches Argentins, de presque aussi riches réfugiés mexicains et nombre de notabilités.

Indépendamment du fait qu’elle comptait de la famille et quelques amis dans les environs, Mme de Sommières y était venue à plusieurs reprises, avec son époux d’abord, puis plus tard. Elle avait toujours apprécié le décor magnifique et le confort de ce qui était devenu l’hôtel du Palais, reconstruit à l’identique après l’incendie qui en 1903 avait ravagé l’ancienne Villa Eugénie.

Ayant pris possession de ses quartiers, Aldo se mit en quête d’Adalbert. Il le trouva occupe à se faire dorer au soleil sur la terrasse d’où l’on découvrait la mer depuis la pointe Saint-Martin où s’érigeait le phare jusqu’au Rocher de la Vierge, le site le plus célèbre de la ville fréquenté par les amoureux en face des vagues déferlantes, minuscule îlot relié à la pointe par une passerelle métallique due à Gustave Eiffel et dominé par la statue mariale, au pied de laquelle venaient soupirer les joueurs décavés sortis du proche casino Bellevue. Entre l’hôtel du Palais et le rocher, les vagues de l’Atlantique venaient mourir sur la grande plage où le soleil déjà chaud attirait ceux qui n’allaient pas tarder à s’y plonger car la sacro-sainte heure du bain approchait.

La terrasse aussi se remplissait mais Adalbert, les yeux protégés par un panama, n’avait pas l’air de s’en apercevoir et pas davantage de l’arrivée de son ami. C’était tout simple : il dormait, ainsi qu’Aldo put s’en apercevoir en soulevant ledit chapeau. Ce qui le réveilla :

— Qu’est-ce que… ah, c’est toi ?

— En personne… et heureux de constater que tu prends la vie du bon côté ! J’espère que je ne te dérange pas ?

— Si ! Il y avait bal à l’hôtel et je n’ai pas beaucoup dormi.

— Tu as trop dansé ? Et moi qui te croyais attelé à la filature du jeune Faugier-Lassagne ? À moins qu’il ne soit ici et n’ait partagé tes ébats chorégraphiques ?

Adalbert remplaça son chapeau par des lunettes noires, non sans avoir considéré Morosini avec un franc dégoût.

— Ce que tu peux être agaçant quand tu t’y mets ! Et d’abord, assieds-toi ! Tu me fais de l’ombre…

Aldo appela un serveur pour lui commander un café, ôta les jumelles posées sur le siège voisin d’Adalbert et s’installa en soupirant :

— Le voilà qui se prend pour Diogène !

— Plains-toi donc ! Ça te permet de tenir le rôle d’Alexandre le Grand. Tu devrais te sentir flatté.

— Assez tourné autour du pot. Où en es-tu ?

Adalbert prit les jumelles et les lui tendit :

— Regarde toi-même ! À ta gauche, le maillot de bain noir avec une ceinture blanche !

Il n’y avait pas encore foule. Aldo trouva sans peine la silhouette indiquée. C’était sans doute possible le substitut lyonnais qui, après un ou deux mouvements de culture physique, se dirigeait vers l’eau au pas de course, plongeait et se mettait à plumer l’eau d’un crawl efficace.

  56